Albanie, Voyage

Carnet de voyage en Albanie : Tirana

Dans les rues de la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.

Pendant neuf jours à l’automne 2018, j’ai découvert l’Albanie, ce pays si méconnu, si intriguant, et sur lequel je ne savais qu’une chose : que je voulais y mettre les pieds plus que partout ailleurs à ce moment-là. Neuf jours à sillonner le sud en roadtrip. Neuf jours de lâcher-prise. Neuf jours dont je vous raconte dans cet article le début et la fin de ce voyage à Tirana, la capitale albanaise.

Une arrivée chaleureuse et chaotique

Après avoir embarqué à 7h du matin à Paris-Orly pour 2h de vol avec Transavia, J et moi nous endormons rapidement, avec la ferme intention d’être en forme dès le premier jour de notre voyage pour une fois. De temps en temps, le soleil chatouille nos joues et un coup d’oeil rapide par le hublot permet de suivre l’avancement du vol : la campagne, puis les Alpes, la mer Adriatique. De temps à autre, on tend aussi l’oreille. Plus de la moitié des passagers de l’avion est albanaise. Je vois encore tous ces locaux bien habillés, contents de « rentrer au pays » comme on dit, et regarder avec beaucoup de bienveillance les touristes impatients de découvrir cette terre inconnue. Et puis enfin, de l’autre côté de la mer, une étendue de terre ferme. Avec la course de l’avion, elle se dévoile sous nos yeux grands ouverts et ébahis. On pourrait même se dire qu’elle nous attire de manière hypnotique, avec d’abord sa côte cultivée et ses montagnes indescriptibles, tantôt douces tantôt pics acérés qui semblent s’étendre vers le ciel pour jouer avec les avions. L’avion finit par se poser sur la piste. On cherche des yeux tout élément qui pourrait nous apprendre quoi que ce soit sur le pays. Dans la navette qui relie l’appareil et l’aéroport, des Albanais souhaitent la bienvenue aux touristes et vantent les trésors de leur pays. De même lorsqu’on passe la porte des Arrivées : les « Bonjour et bienvenue ! » fusent, sans discrimination.

Notre agence de location de voiture (réservée via Vacances Albanie) nous attend et nous embarque à à peine 200m de l’aéroport pour récupérer notre voiture. Je vous mets dans la confidence : je l’appelle Titine. Comme à peu près toutes les voitures dans lesquelles je voyage. Titine est petite, bleue, lustrée, propre. L’état des lieux est rapide, l’agence nous confirme qu’on a une assurance tous risques. Ce qui nous rassure vraiment à ce moment-là est qu’elle ne prend aucune empreinte de carte bancaire, donc on n’aura pas de surprise dans les mois à venir normalement. On signe un papier, on prend les clés, je déplie notre carte papier achetée pour voir la route jusqu’à Tirana, et c’est parti. Sereinement, parce qu’accessoirement, J a Internet à l’étranger, ça va nous sauver plusieurs fois dans les petites rues.

Dès les premiers mètres, on comprend que la conduite ne sera pas évidente. Il faut s’imposer, et surtout ouvrir l’oeil. Enfin, les deux yeux. Donc quatre yeux à nous deux. Dès qu’on entre dans la voiture et jusqu’à ce qu’on en sorte, aucun répit. C’est drôle dit comme ça, mais il le faut vraiment ! Ce début de voyage à Tirana est sportif. On cherche les limitations de vitesse, j’observe la conduite des locaux, très… approximative. Cela est confirmé lorsqu’on voit un camion en sens inverse sur notre double-voie. Aurait-on manqué des panneaux ? Non non, il vient de prendre une bretelle en sens interdit. Ça donne le niveau de conduite. Heureusement, J est plutôt bon pilote (et moi plutôt « co-pilote qui ne donne pas toujours la bonne sortie de rond-point » mais on s’en sort jusqu’à présent) et il n’a pas l’air trop déstabilisé. En fait, c’est plutôt comme s’il règle le paramètre « Niveau de conduite des autres » dans sa tête, et il se met au même niveau. Difficile de le concurrencer en terme d’adaptabilité. Ouf, je ne suis pas décrédibilisée quand je disais à tous ceux qui me prévenaient pour la conduite « Mais non vous inquiétez pas, ça ira pour lui ! »

À Tirana, d’autres soucis font surface. D’abord, Google Maps (et je pense n’importe quelle app de map en ligne) n’est pas à jour et nous conduit sur des chemins de terre. En pleine ville. Vu le gabarit de Titine, on n’est pas sereins et on préfère faire confiance à notre intuition. Autre problème : se garer. Les Albanais confondent chaussée et place de parking. Trottoir aussi. Par un pur hasard, juste en face de notre hôtel, l’Hotel Villa 22, une voiture part pile quand on arrive donc ni une ni deux, le créneau est fait.

Nuance tout de même : la conduite est chaotique, mais ce n’est pas le cas partout. Les Albanais ne parlent pas bien voire pas du tout anglais. C’est avec quelques difficultés que nous avons pu nous procurer deux cartes SIM avec Internet chez Vodafone, avant de commencer à lâcher prise et lever le nez. Enfin. Le voyage peut commencer à Tirana.

Immeuble à la façade colorée dans la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.
Façade d'immeuble colorée dans la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.
Immeuble à la façade jaune dans la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.
Immeubles colorés dans la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.
Dans les rues de la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.
Immeuble à la façade rose dans la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.
Dans les rues de la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.
Immeubles colorés dans la capitale albanaise. Photo prise lors d'un voyage à Tirana en Albanie en septembre 2018. Photographie par Vaikehu Shan.

Retour 20 ans en arrière : les traces du communisme

Un premier voyage à Tirana, ça signifie non seulement visiter la capitale de l’Albanie, mais également visiter la capitale du dernier pays d’Europe à être sorti de la dictature communiste, en 1992. C’est se retrouver plongé encore à cette époque, le temps semble être suspendu. Peu de touristes, des noms inconnus sur toutes les publicités (hors Nike et Coca-Cola peut-être), des vieux qui semblent s’être égarés entre les époques, des nouveaux bâtiments à la mode d’un ancien temps. Les rues et les bâtiments sont colorés, notamment dans le quartier Blokku (le « Bloc »), où vivait l’ex-dictateur, Enver Oxha. Les cliniques dentaires pullulent. Je n’exagère pas, je n’en ai jamais vu autant. Il y a des rues qui en comptent tous les 30m par exemple. Les Mercedes sont légions également, après tout il faut une bonne mécanique vu la conduite et les routes albanaises. Autre chose qui me vient à l’esprit : la sécurité. L’Albanie n’a pas la même (ou pas du tout de) notion de sécurité. Je ne sais même pas s’ils ont des normes de sécurité. Si vous y allez avec des enfants, surtout en bas-âge, il vous faut avoir un oeil sur eux H24 pour veiller à ce qu’ils ne se blessent pas si vous envisagez un voyage à Tirana en famille.

Sur un ton plus léger et plus… incitatif ? je dirais que les Français ont bonne presse. Dès que vous dites que vous êtes français, les yeux s’écarquillent et les questions fusent. Les Albanais ne découvrent le monde étranger que depuis peu, et ils sont avides de savoir ce qu’il se passe ailleurs. Il faut garder l’histoire du pays en tête cependant, car elle explique pourquoi certains sujets peuvent être délicats et pourquoi ils ne comprennent pas forcément certains sujets et positions. Par exemple : le féminisme, le végétarianisme/véganisme, les congés de paternité, etc. Il faut se dire que la mentalité est restée figée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et donc prendre le temps d’expliquer certaines choses, calmement. La gentillesse de ses habitants vous donnera raison d’y faire un bout du voyage à Tirana.

#Roadtrip en #Albanie : dans ce premier volet de notre carnet de #voyage de 9 jours dans le sud du pays, je vous emmène à #Tirana !
Statue du héros national, Skanderbeg, sur la place éponyme
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Le Musée national historique, sur la place Skanderbeg
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Le Parlement albanais à Tirana
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La pyramide de Tirana, ex-musée Enver Hoxha (du nom de l'ex-dictateur)

Voyage culinaire avec Alma, aux environs de Tirana

Le premier soir, avec l’aide de Vacances Albanie pour l’organisation de certaines activités, nous prenons un cours de cuisine albanaise chez Alma. C’est Bérenger de chez Vacances Albanie qui vient d’abord nous chercher à l’hôtel pour nous conduire car le cours se déroule hors du centre-ville. Il conduit sa voiture et nous devons le suivre avec la nôtre. Je vous l’ai dit plusieurs fois, les Albanais et la conduite… donc Bérenger doit nous attendre plusieurs fois, mais finalement nous arrivons bien chez Alma et son mari. Ils tiennent une échoppe, et à l’arrière se trouvent une cour intérieure et leur maison. La traductrice, Bela, nous attend dans la cour. Bérenger nous offre un raki (alcool fort), du thé de montagne (bien trop fort à notre goût, et avec un aspect à s’attirer des contrôles poussés en aéroport) et un savon artisanal, puis s’en va. Alma nous fait cuisiner byrek, ferges, qofte, tarator et hallva. Elle a le coup de main mais nous fait travailler et goûter de temps en temps. Je profite des temps morts pour demander à Bela de me traduire des mots et des phrases qui pourrons nous aider sur le voyage (« bonjour », « bonsoir », « merci », « au revoir », « s’il vous plait »…).

Après environ 1h30 de dur labeur (là, j’exagère peut-être), la table est dressée. Alors que nous pensions dîner avec Alma, Bela et Bérenger qui doit nous rejoindre, nous mangeons finalement seuls, même si la table est clairement dressée pour 6 en quantité. C’est dommage, à force de tout goûter pendant qu’on cuisinait, nous n’avons plus beaucoup d’appétit. Deux chats jouent dans la cour près de nous et quémandent un bout de notre repas. Bérenger nous rejoint tard finalement, appelé en urgence juste avant (un problème d’hôtel pour un autre groupe de touristes). On discute avec lui. Il nous apprend que la difficulté de trouver des expériences chez l’habitant vient du communisme : personne à part la famille entrait chez soi, sous peine de dénonciation.

#Roadtrip en #Albanie : dans ce premier volet de notre carnet de #voyage de 9 jours dans le sud du pays, je vous emmène à #Tirana !
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Le Tirana Free Tour pour connaître l'histoire du pays

En fin de séjour en Albanie, nous passons une nuit dans l’auberge de jeunesse ART Hostel & Apartments (que je recommande vivement), et la dernière matinée. Comme à chaque fois dans une destination que je connais très mal, je profite de ce voyage à Tirana pour faire une visite guidée. C’est cette dernière matinée que j’ai choisie pour sortir avec Tirana Free Tour pour une visite gratuite avec un local (bien sûr, on peut donner un pourboire à la fin). C’est aussi le jour où s’est déroulé le Marathon de Tirana (ou plutôt semi-marathon) donc la visite est un peu perturbée. J’apprends cependant énormément de choses sur l’Histoire du pays, qui viennent compléter toutes les informations obtenues pendant le reste du séjour. En voici quelques unes.

Le pays compte environ 3 millions d’habitants. Les émigrés viennent essentiellement d’Italie, de Grèce et de Turquie. En terme de religion, les Albanais ne sont pas très pratiquants selon notre guide, mais plusieurs religions cohabitent de manière très pacifique depuis des siècles. La répartition est la suivante : environ 60% de musulmans (deux formes d’islam : sunnite traditionnel, et bektashisme, une forme beaucoup plus libérale), 20% de chrétiens, et 20% sans religion. En termes d’économie, l’Albanie se développe grâce aux services, au BTP et à l’agriculture (on l’a remarqué les jours précédents). Tirana concentre 50% du PIB. Le taux de chômage est d’environ 17%, et le salaire moyen de 400€/mois.

L’ancien nom de l’Albanie est Illyria. Elle est passée sous domination romaine (chrétienté) pendant 7 siècles, avant de passer aux mains des Ottomans (début de l’islam) jusqu’à ce que Skanderbeg l’en libère, puis des Byzantins. Skanderbeg (voir photo plus haut) est la figure historique la plus importante du pays, et l’aigle à deux têtes qu’on retrouve sur le drapeau national était son symbole.

Enfin, concernant le communisme, l’Albanie est vraiment à part du reste de la Yougoslavie. Bien qu’elle en faisait d’abord partie, le dictateur albanais, Enver Oxha, a préféré soutenir Staline lors d’un désaccord entre ce dernier et Tito (Yougoslavie) (mais je ne sais plus en quelle année – avant 1970). L’Albanie est donc sortie de la Yougoslavie et a mené sa vie selon les désirs d’Enver. Il s’est lié avec la Chine de Mao car ils partageaient la même idée du communisme. Cependant, à la mort de Mao Zedong, la Chine s’ouvre au monde, et l’Albanie l’accuse de trahison. Elle se retrouve alors seule dans son idéologie. Enfin, Enver se retrouve seul. Les Albanais étaient de toute façon coupés du reste du monde depuis bien longtemps, et ne possédaient rien. Même à partir de 1984, avec l’arrivée des téléviseurs, les antennes pointaient toutes vers l’est. Avec la culture de la dénonciation, si l’une d’elles pointait à l’ouest, l’arrestation était immédiate. De plus, il ne fallait pas être « trop intelligent » à l’école, sous peine de menaces. Enfin, comme en Corée du Nord, à la mort d’Enver, tout le monde devait pleurer. Évidemment, certains pleuraient de joie…

Cette période de 47 ans de communisme a coupé les Albanais du reste du monde. Ils ont encore beaucoup à faire et à apprendre pour arriver au même niveau économique et social que leurs voisins des Balkans et Européens. Pour l’instant, on sent que la blessure est encore vive, et comme notre guide, j’estime qu’il faut encore une génération d’Albanais pour qu’ils puissent vraiment aller de l’avant. Je vous invite à lire mes premières impressions suite à notre voyage pour en savoir davantage sur ces sujets.

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Les espaces communs de l'auberge de jeunesse ART Hostel & Apartments
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Et voilà, vous savez tout (ou presque) de nos deux jours de voyage à Tirana. J’espère que ce premier volet du carnet de voyage albanais vous a plu. Pour connaître la suite du programme, allez voir l’itinéraire du roadtrip ici. Alors, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ? Est-ce que ça vous donne envie d’en savoir plus sur l’Albanie ?

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