Artisanat, Culture & Traditions, Polynésie

Artisanat de Rimatara : tressage, vannerie et culture de pandanus

Après une première immersion à Rimatara, une petite île de l’archipel des Australes surnommée « l’île méconnue » des Australes, intéressons-nous à l’artisanat de l’île. Elle est réputée dans toute la Polynésie pour le tressage, la vannerie et la culture de pandanus, la plante utilisée pour les 2 premières spécialités. Je vous montre tout ce que nous avons appris lors d’un atelier d’initiation à ces savoir-faire avec Nelly.

La culture du pandanus pour le tressage et la vannerie

Le pandanus (fara en tahitien) est une plante tropicale aux longues feuilles. Il y en a plusieurs espèces en Polynésie, dont le rau fara (nom en langue rimatara = pae’ore en tahitien), une espèce dont le bord des feuilles est lisse et ne pique pas, contrairement au fara classique. Le rau fara pousse abondamment à Rimatara, où il est également cultivé pour en faire des rouleaux de pandanus. Ces rouleaux servent principalement de matière première dans la vannerie mais aussi dans la confection de costumes de danse.

PS : si un.e personne spécialisée en botanique souhaite apporter des précisions ou compléments, qu’il ou elle hésite pas à laisser un commentaire !

Les différentes étapes de la culture du pandanus, de la récolte au tressage

Voici étape par étape comment confectionner et utiliser des rouleaux de pandanus, depuis la coupe des feuilles jusqu’au tressage !

Tapu te rau fara : Couper et nettoyer les feuilles de pandanus

L’atelier commence dans un champs de pandanus. La toute 1ère étape est la coupe de feuilles de cette plante. Elle pousse abondamment et naturellement sur l’île grâce au climat. S’il n’y a rien de particulier à faire pour que ça pousse, il faut quand même couper régulièrement les feuilles de rau fara — environ tous les 3 mois sinon le bout des feuilles finissent par tomber — pour entretenir les plants, et surtout surveiller la météo. On coupe les feuilles de rau fara quand il fait froid.
Quand le plant est trop grand et qu’on ne peut plus couper ses feuilles, on coupe le coeur et on le fait bouillir dans de l’eau avec du jus de citron et des feuilles de papayer toute une journée. On utilise le bouillon pour faire blanchir les feuilles de pandanus. Les chapeaux et la vannerie aux couleurs claires et blanche sont typiques des Australes ! Il y a aussi d’autres méthodes pour colorer naturellement les feuilles.

Pour couper les feuilles de rau fara, il faut scier avec un couteau sans dents au plus proche du tronc, puis couper d’un coup sec pour retirer la base de la feuille, plus épaisse. Nelly nous montre 3 fois puis nous fait essayer chacun notre tour. Certains ont le coup de main dès la première fois, d’autres sont un peu plus hésitants, mais c’est bon, on a le premier geste en tête.

Rimatara , l'île méconnue de Polynésie. Sites naturels, artisanat, vie insulaire aux Australes !

Patete te rau fara : Enlever la nervure centrale

Nelly nous apprend ensuite l’astuce pour avoir des feuilles souples et qui ne se cassent pas quand on les enroule : il faut retirer la nervure centrale ! Ni trop ni pas assez  de feuille, elle enlève juste ce qu’il faut. Nelly est très rapide et ne nous fait pas essayer cette fois. En quelques minutes à peine, elle dénerve toutes les feuilles qu’on a coupées ensemble.
Rimatara , l'île méconnue de Polynésie. Sites naturels, artisanat, vie insulaire aux Australes !

Firo te rau fara : Attacher les feuilles en tresse

Pour transporter toutes les feuilles, on les tresse ensemble à une extrémité. Malin non ? Encore une fois, les doigts de Nelly dansent et s’agitent trop rapidement pour nous. En moins de temps qu’il en faut pour le dire, elle a terminé et nous danse que les Rimatara (= habitants de Rimatara) avaient l’habitude de faire lorsqu’ils travaillaient le pandanus. Cette danse reprend les différents gestes et étapes de la culture du pandanus, et explique que c’est un travail laborieux et fatigant. On ne peut que confirmer !

Rimatara , l'île méconnue de Polynésie. Sites naturels, artisanat, vie insulaire aux Australes !
Rimatara , l'île méconnue de Polynésie. Sites naturels, artisanat, vie insulaire aux Australes !

Tarai te rau fara : Suspendre et faire sécher les tresses au soleil

Voici l’étape qui demande le moins d’efforts : le séchage ! C’est au soleil d’entrer en jeu pendant plusieurs semaines. De temps en temps, il faut venir retourner ou poser au sol les feuilles.
Rimatara , l'île méconnue de Polynésie. Sites naturels, artisanat, vie insulaire aux Australes !
Rimatara , l'île méconnue de Polynésie. Sites naturels, artisanat, vie insulaire aux Australes !

Potaro te rau fara : Assouplir et enrouler les feuilles de pandanus séchées

Une fois les feuilles bien sèches, on va les préparer à être enroulée. Pour cela, on les aplatit et on les assouplit grâce à un savant jeu d’enroulé-déroulé autour de nos mains. Je me répète, mais encore une fois, Nelly est rapide et précise. Elle nous facilite la tâche, sinon on y était encore le soir-même 😅

Pipita te rau fara : Faire des rouleaux de pandanus

Maintenant que les feuilles sont souples et aplaties, on en fait des rouleaux, qu’on appelle pipita. On en a fait de tout petit (qui sont maintenant sur une étagère dans notre appart ^^), mais les pipita ont un diamètre assez grand, et c’est comme ça qu’ils sont vendus partout en Polynésie.

Pahu’u te rau fara : Assouplir le pandanus avant de le tresser

Il y a une étape juste avant, paharu te rau fara, mais je ne sais plus ce que ça veut dire… (Si tu es de Rimatara, envoie-moi un message pour me rafraîchir la mémoire s’il te plait !) Du coup je passe directement à la dernière étape. Juste avant le tressage, on assouplit le pandanus avec une lame de paire de ciseaux (un objet plat et coupant), comme on fait pour « boucler » du bolduc pour les papiers cadeaux. J’espère que c’est compréhensible parce que je n’ai pas trouvé de meilleure comparaison !

Une fois cette étape terminée, on peut enfin passer au tressage 🙂

Tresser un éventail en pandanus

Dans la 2ème partie de l’atelier, nous sommes passés au tressage. On a vu très simple : un éventail chacun. Pour cela, il faut : du pandanus (travaillé comme précédemment), une petite tige de bambou pour rigidifier l’éventail, et du fil et une aiguille pour coudre des petites décorations dessus. L’éventail est relativement simple à réaliser, mais on a un peu plus de mal à faire les roses qui viendront les orner. Nelly est patiente, rit de notre maladresse, s’affaire sur les roses de son côté. Au bout d’une demi-heure peut-être, on a tous fini et on est pas peu fiers de nos oeuvres.

Plus tard dans la journée, on visitera le CJA de Rimatara dont je parle dans cet article sur Rimatara. On était bluffés par la dextérité des élèves sur leurs paniers, en particulier par le nombre de feuilles de pandanus qu’elles tressaient à la fois, et leur très petite épaisseur.

Rimatara , l'île méconnue de Polynésie. Sites naturels, artisanat, vie insulaire aux Australes !

J’espère que cette immersion dans l’artisanat de Rimatara, en particulier le tressage et la vannerie, vous a plue ! Vous pouvez aussi visionner cette vidéo (pas de moi) pour voir ce que donne l’atelier « en vrai ».

Comme vous avez vu, c’est un travail long et minutieux que de confectionner chapeaux, paniers, éventails et autres objets tressés. Vous en trouverez plein dans les marchés, chez les mama et au Heiva rima’i si vous allez à Tahiti début juillet. Gardez en tête qu’en achetant ces produits faits main, vous soutenez l’artisanat local et toutes les petites mains qui travaillent comme ça 🙂

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